
« C'est le meilleur des sommets, parce que c'est ici que les peuples parlent », a déclaré Diaz-Canel aux représentants de la société civile. Photo : Studios Revolucion
Bruxelles, Belgique. – La vérité se trouve dans les peuples, dans ceux qui les aiment, en font partie ou le représentent. C'est pourquoi l’émotion était grande en ce 17 juillet lorsque des voix se sont élevées lors du Festival de solidarité culturelle entre les peuples d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Europe.
Le Festival s'est déroulé dans le cadre du Sommet des Peuples, en présence du président Miguel Diaz-Canel Bermudez et d'autres présidents de Notre Amérique à l'Université libre de Bruxelles.
Au milieu de chants et de slogans qui, tous, parlaient d'émancipation des peuples, les discours prononcés depuis l’estrade témoignaient de la sagesse d'hommes et de femmes en lutte pour un monde meilleur alors qu’il semble, dans de nombreuses régions, anesthésié et moribond.
En effet, lors du 3e Sommet des chefs d'État et de gouvernement Celac-Union européenne de ce 17 juillet, des voix très courageuses se sont fait entendre, attirant l'attention sur les problèmes dont souffre le monde, si bien que le Festival de la solidarité culturelle a été un appel pressant qui alertait sur le danger que court l'Humanité à cause d'une philosophie capitaliste : une philosophie qui ne se soutient que par le pillage des ressources, une philosophie qui regarde vers tout autre chose plutôt que vers les multiples crises auxquelles le monde est confronté.
« Nous sommes ici en train de chanter, de danser et d'écouter de la musique ; ici se trouvent les peuples, les gens qui luttent chaque jour pour les intérêts du plus grand nombre et non du plus petit », a déclaré sur l’estrade le député européen Manuel (Manu) Pineda Marin, qui a parlé des causes de peuples tels que le Palestinien, le Sahraoui ou le peuple péruvien, où des forces obscures ont écarté un enseignant du pouvoir, parce qu'elles ne veulent pas d'un enseignant au pouvoir ; ou celui de la Bolivie, qui a subi un autre vol de pouvoir et l'assassinat de nombreux de ses enfants ou celui du Venezuela, où l'empire moderne a essayé toutes sortes d'armes, dans une guerre qui est l'expérience la plus cruelle jamais vue.
Cuba et sa Révolution ont également bénéficié de la solidarité de l'orateur et des applaudissements incessants des personnes présentes. Manu Pineda a décrit l'Île comme un lieu où l'on met un genou à terre et où l'on ne recule pas.
LA VOIX DE CUBA
« Nous sommes honorés de partager avec vous cet important Sommet des peuples », a déclaré le président Diaz-Canel lors d'un moment fort de cette journée pleine d’émotion, à l'occasion du Festival de la solidarité culturelle entre les peuples d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Europe.
Le président a appelé ses interlocuteurs « sœurs et frères d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Europe » et les a qualifiés de « compagnons dans la lutte pour la justice sociale ».
Ce fut le début d'un discours exaltant, profondément révolutionnaire et plein d'espoir, dont les premiers mots furent : « On m'a dit que quelqu'un avait appelé pour me demander si j'avais confirmé. Et nous, nous vous demandons : "Comment aurais-je pu être à Bruxelles et ne pas être avec vous ?" » À ce moment-là de son discours, le dirigeant cubain a déclaré : « Quand je vois tant de personnes engagées dans les causes justes de ce monde, je pense à Fidel ». C'est alors que, dans la foule, on a entendu une phrase que les Cubains ressentent au plus profond : « Je suis Fidel ! ». L'idée a pris force dans le cri de centaines de personnes.
À propos de sa présence au théâtre universitaire, le chef de l'État a déclaré : « Nous sommes ici par principe, par conviction. Parce qu'il s'agit d'un espace véritablement pluriel, ouvert et participatif. C'est un lieu de rencontre entre les représentants de la société civile latino-américaine, caribéenne et européenne ; c'est donc le meilleur des sommets, parce que c'est ici que les gens parlent ».
C'est dans cet espace, a-t-il dit, que l'on promeut un modèle alternatif de développement durable, basé sur la coopération et l'intégration, un espace où l'on dit non à l'exclusion, où l'on dit non au consumérisme qui dégrade et pille.
« C'est à l'occasion de ce sommet que nous exigeons un monde plus juste et plus solidaire pour faire face à la profonde crise systémique du capitalisme, inextricablement liée à l'ordre économique international injuste qui prévaut. »
Au nom du peuple cubain, le Président a remercié « le Sommet des peuples d'avoir consacré un atelier aujourd'hui à la politique cruelle et illégale d'encerclement, de harcèlement et de persécution contre Cuba et que, suite à cet atelier, il a été convenu de convoquer un Tribunal international contre le blocus de Cuba, en novembre prochain, ici à Bruxelles ».
Cette dernière idée a déclenché l'une des nombreuses ovations de la salle. Elle a été suivie par d'autres réflexions du chef d'État caribéen, qui a déclaré, à propos de ce siège qui punit avec cruauté des millions de Cubains, que « le blocus économique, commercial et financier imposé par le gouvernement des États-Unis à Cuba n'est ni moralement, ni éthiquement, ni humainement acceptable ; tout d'abord parce qu'il constitue une violation flagrante, massive et systématique des droits humain de tout un peuple, du peuple cubain ».
À un autre moment de son discours, le président a déclaré : « nous exprimons notre conviction que personne ne doit attendre de nous que nous baissions les bras, que nous nous agenouillions et que nous demandions pardon pour avoir défendu le droit à la différence. »
Au nom du peuple cubain, Diaz-Canel a exprimé sa gratitude aux amis réunis sur le campus universitaire « pour les actions permanentes de solidarité menées par les forces politiques, les mouvements sociaux et populaires, les pacifistes, les syndicalistes, les étudiants, les paysans, les femmes, les jeunes, les religieux et les patriotes cubains vivant à l'étranger ».
Et il a souligné : « Nous sommes convaincus que la solidarité ne peut pas être bloquée comme le sont les aliments, les médicaments et les équipements. La solidarité ne fait que reconnaître les besoins et les exigences humaines, et place ceux qui la donnent et la reçoivent sur le plus haut échelon de notre espèce ; la solidarité restera une arme de lutte indestructible et, en même temps, un message de paix permanent et inépuisable qui ne saurait être réduit au silence. »
LA CLARTÉ DES FRÈRES DE LUTTE
De la lumière dans les ténèbres. C'est ce qu'a fait Gustavo Petro Urrego, président de la République de Colombie, lorsqu'il est venu partager ses idées. Dans un véritable cours magistral, il a parlé de la crise intégrale que subit la planète, d'une ère qui s'achève sans que l'on sache quelle sera l'ère à venir.
Il a mentionné plusieurs crises qui se succèdent : la récente pandémie, la guerre, la crise économique qui se poursuit sans relâche, la crise climatique et, une fois de plus, la pauvreté et la faim qui augmentent dans une grande partie du monde. Ce sont des crises, a-t-il averti, qui expriment la fin d’un temps.
On perçoit un changement brutal, a déclaré Petro, qui pourrait nous conduire à la fin de la vie. La vie devient l'axe de la politique, le centre d'une sorte de confrontation. Et le capital a atteint une limite : la vie et cette limite doit être résolue à notre époque.
Le président a parlé de faillite civilisationnelle, où l'enfant ou le petit-enfant vivront dans des conditions pires que celles de ses parents : « Ce sont les malheurs de la fin des temps », a-t-il commenté, pour ensuite assurer que la fin des temps peut être évitée, mais l’éviter implique une transformation profonde du système économique, politique et social : « En d'autres termes, nous sommes dans des temps révolutionnaires, parce que la révolution implique la coordination de la diversité humaine totale de la planète, elle implique un changement de la conscience des société. »
Luis Arce, président de l'État plurinational de Bolivie, est monté sur l’estrade et a déclaré qu'aujourd'hui, l'histoire exige de nous d'abandonner toute attitude individualiste et mesquine, faute de quoi le système capitaliste finira par détruire l'humanité : « L'unité, a-t-il dit, est le seul chemin qui nous mènera à la victoire. »
Et pour conclure avec intelligence et sensibilité, la vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a ensuite partagé ses réflexions, affirmant que le peuple vénézuélien est toujours debout : « Écoutez attentivement nos peuples. C'est cela l'histoire : le pillage et l'exploitation des ressources naturelles ».
Et à propos du 3e Sommet CELAC-Union européenne, elle a été plus qu'explicite : « Nous revendiquons cet espace pour nous parler d'égal à égal, sans jamais courber le dos, toujours debout, pour dire à l'Europe qu'il y a encore un chemin vers la rédemption, vers le respect, vers l'amitié. »
Ce 17 juillet après-midi, à l'Université libre de Bruxelles, fut réellement beau, parce que tout n'est pas gris, parce qu'il est bon de savoir que dans ce monde, surtout dans les zones les plus inégales, il y a une pensée de lumière qui n'a pas de temps pour la haine, mais tout le contraire : cette pensée cherche comment une révolution au sein de l'espèce humaine peut sauver tout ce qui est beau et vital, tout ce qui soutient notre Terre-Mère.