« La communauté de destin partagé est aujourd'hui l'axe thématique fondamental qui anime les relations bilatérales entre Cuba et la Chine, et reflète les consensus atteints au plus haut niveau entre les deux pays, lesquels sont systématiquement renouvelés par les deux Partis ».
C'est ce qu'a déclaré Carlos Miguel Pereira, directeur général des Affaires bilatérales du ministère cubain des Relations extérieures de Cuba (Minrex), lors d'un échange avec Granma International, sur les perspectives des relations sino-cubaines, 64 ans après l’établissement de liens bilatéraux.
« Le concept de construction de la communauté de destin partagé est devenu l'axe transversal de la politique extérieure chinoise et est étroitement lié à la pensée de Fidel. Il suffit de voir la conviction de Fidel qu'un monde meilleur est possible et sa vision de la manière dont ce monde devrait être construit, de manière à conduire au développement de l'humanité et non à l'extinction de la race humaine », a déclaré Carlos Miguel Pereira, qui fut ambassadeur cubain auprès du géant asiatique à deux reprises.
L'échange a également porté sur l'application du concept à l'échelle mondiale et, plus récemment, au niveau bilatéral, ainsi que sur les connexions avec des initiatives telles que la Ceinture et la Route, et avec d'autres formulées par le Secrétaire général du Parti communiste chinois et président de la République, Xi Jinping.
« Les initiatives en faveur du développement, de la sécurité et de la civilisation à l'échelle mondiale sont liées à cette volonté de construire un destin commun. Cela signifie, concrètement, un avenir de paix, de stabilité et d'opportunités de développement égales pour tous, dans lequel on reconnaîtrait les opportunités des pays du Sud, on aborderait les problèmes qui entravent actuellement leur développement, et où l’on traiterait les questions de sécurité internationale d'une manière qui contribue à la paix.
« De ce concept global, nous sommes passés à une approche plus régionale. Cuba est le premier et le seul pays de la région où la Chine a proposé la construction conjointe d'une communauté de destin partagé entre les deux pays. C'est aussi l'un des résultats de la visite – en novembre 2022 – du Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, en Chine, laquelle visait à porter les relations à un nouveau niveau historique.
Avant cette déclaration visant à construire la communauté de destin partagé, des étapes importantes ont également été franchies, comme l'insertion de Cuba, en 2018, dans l'initiative de « la Ceinture et la Route », a souligné le diplomate.
« À l'heure actuelle, une vingtaine de pays de la région de l'Amérique latine et des Caraïbes en font partie. Cuba en a été le premier à signer un Plan de coopération avec la Chine visant à parvenir réellement à une insertion effective du pays dans ce mécanisme », a-t-il précisé, tout en rappelant l'existence d'un groupe de travail bilatéral qui promeut des projets sous l'égide de cette initiative.
« Aujourd'hui, un mécanisme de cofinancement de projets de recherche scientifique et d'innovation fonctionne au niveau des ministères de la Science et de la Technologie des deux parties, lequel en est à sa deuxième édition, et a donné lieu à plus d'une douzaine de projets. »
LA CHINE, L'UN DES PRINCIPAUX PAYS DANS LA COOPÉRATION AVEC CUBA
La volonté et la solidarité du gouvernement chinois pour concrétiser la coopération au milieu des difficultés de l'Île se sont récemment traduites par un paquet d'aide complet qui comprend un don de plus de 20 000 tonnes de riz, 50 millions d'euros d'aide financière et des dizaines de projets dans différents secteurs.
« Les relations politiques sont très bonnes, excellentes, ce qui a permis à ces liens de caractère économique, commercial, financier et de coopération de se développer de la même manière et d'atteindre le niveau d'expression qu'ils ont aujourd'hui au niveau politique.
« Tous ces mécanismes aident en ce sens. L'Initiative mondiale pour le développement, qui est également liée à celle de « la Ceinture et la Route » et à la communauté de destin partagé, comprend des projets spécifiques qui sont menés aujourd'hui dans différents domaines.
« Un exemple est la coopération en matière de nouvelles énergies, qui se traduit par des dizaines de projets sous diverses formes. Certains sont le résultat de crédits gouvernementaux accordés par la Chine, d'autres sont des projets de coopération, des projets d'affaires avec des entreprises mixtes. Bref, aujourd'hui, nous ne pourrions pas parler du développement du pays et des efforts pour changer la matrice énergétique sans la présence de la Chine.
« Des secteurs tels que la biotechnologie ont joué un rôle fondamental au cours des 20 dernières années. En Chine, nous avons trois entreprises mixtes cubano-chinoises dans des secteurs clés de la production de médicaments, ainsi que dans la biotechnologie appliquée à l'agriculture.
« Les entreprises chinoises sont de plus en plus présentes dans le secteur de la biotechnologie. C'est un processus qui a commencé de Cuba vers la Chine et qui devient aujourd'hui un processus à double sens.
« Nous avons réalisé des progrès en matière de tourisme et de culture. En 2024, non seulement le vol direct a été rétabli, mais il a également été annoncé que la prochaine Foire internationale du tourisme sera consacrée au pays asiatique, de sorte que des initiatives et des projets visant à accroître la présence du tourisme chinois ont été déployés.
« La coopération en matière d'éducation s'est développée. L'espagnol est approuvé comme deuxième langue étrangère au niveau secondaire et pré-universitaire en Chine, ce qui indique qu'il existe une forte demande.
« Cuba est, de toute l'Amérique latine et les Caraïbes, le pays hispanophone qui possède la plus grande expérience en matière d'enseignement de l'espagnol aux jeunes Chinois, puisque le premier groupe a reçu des cours d'espagnol dans les années 1960, après le triomphe de la Révolution, et qu'il a continué à le faire au fil du temps.
« Aujourd'hui, il existe des dizaines d'accords de coopération entre des universités cubaines et chinoises qui encouragent l'échange de professeurs, d'étudiants, de matières ou dans le domaine de la recherche scientifique...
« L'insertion récente de Cuba dans l'espace des Brics, dans lequel la Chine a également joué un rôle clé en tant que l'un des principaux fondateurs et promoteurs de ce groupe, est une autre opportunité qui s'ouvre pour le développement de nouveaux projets dans le domaine de la biotechnologie et d'autres intéressants pour les deux parties. »
ÉCHANGE D'EXPÉRIENCES PROCHES DANS LA CONSTRUCTION DU SOCIALISME
« L'échange d'expériences entre les deux pays est important car, dans cette relation spéciale que nous avons établie entre lChinois et Cubains, nous avons démarré en tenant compte des caractéristiques de chaque pays.
« Pour construire le socialisme, pour construire le pays que nous voulons, nous devons partir des caractéristiques et des conditions nationales de chaque pays.
« Même si la Chine a aujourd'hui beaucoup à nous enseigner du point de vue de ses expériences en matière de développement socio-économique, Cuba a également beaucoup à montrer – ce que reconnaît la partie chinoise – dans des domaines tels que la santé, les soins médicaux, la biotechnologie, la science et la technologie, ainsi que l'innovation au service du développement.
« Cuba a également beaucoup à apporter en matière de construction des deux Partis communistes, d'exercice du pouvoir populaire, de questions comme l’institutionnalité, le travail avec les jeunes, le travail idéologique dans deux pays qui partagent des défis similaires.
« Dans ce contexte, les séminaires théoriques entre les deux Partis ont défini des lignes directrices importantes. Chaque édition a été l'occasion de mettre à jour les visions de chaque partie sur des questions similaires, les visions partagées et la manière de construire ensemble tout ce qui pourrait l'être. Cela est également lié et contribue à la communauté de destin partagé.
« La communauté de destin partagé n'est pas une entité abstraite, elle gagne en contenu dans la mesure où les initiatives, les mécanismes et les modes de relations bilatérales contribuent à cette aspiration. » •






