
Cela se dit vite : l’unité de soins intensifs et les salles d’opération de l’Institut de neurologie et de neurochirurgie ont besoin de pièces de rechange pour leurs équipements de climatisation. Or, l’entreprise de production, d’origine française, est rattachée à une multinationale étasunienne, ce qui empêche Cuba de les acheter.
Cela se dit vite, mais les conséquences sont profondes, douloureuses, justement parce qu’elles ont des noms et des prénoms, et assombrissent la vie de nombreuses familles : l’ensemble des lois imposées par le blocus du gouvernement des États-Unis contre l’Île, en plus de porter atteinte à la santé physique et mentale des patients et de leurs proches, génère des tensions au sein du personnel médical et impactent négativement les institutions.
Un exemple douloureux de cette asphyxie est le cas des 53 000 patients atteints du cancer qui, s’ils ne sont pas traités avec toutes les exigences, peuvent mourir dans les trois ans à venir.
C’est ce qu’a affirmé le docteur Jorge Juan Marinello, président de la Société cubaine d’oncologie, de radiothérapie et de médecine nucléaire, lors du récent Forum de la société civile cubaine contre le blocus, ajoutant que l’achat, sur des marchés éloignés, des médicaments pour le traitement d’un patient atteint d’un cancer est limité du fait de leur coût élevé et des amendes éventuelles sur leur transport.
« Nous n’avons pas accès au marché étasunien pour obtenir les médicaments, ainsi que la technologie et les équipements pour les tests de diagnostic moléculaire dans la médecine personnalisée, qui séquencent le génome d’une tumeur et définissent les altérations moléculaires liées à des traitements spécifiques», a poursuivi Marinello.
Il a rappelé le refus de se procurer des sources radioactives à partir d’équipements de curiethérapie pour traiter le cancer gynécologique, et les patientes sont restées sans traitement pendant plus de huit mois.
« Ce n’est pas la faute du gouvernement cubain, comme on essaie de le faire croire, mais de ce sinistre système de mesures pour paralyser le pays », a-t-il dénoncé.
De son côté, la docteure Albia Pozo Alonso, directrice de la revue Revista Cubana de Pediatria, a expliqué que le fait de priver délibérément de ressources médicales comme les tenues professionnelles, les gants, les intrants nécessaires au personnel de santé, affecte la prise en charge requise pour les enfants. En outre, « leur disponibilité peut faire la différence entre la vie et la mort pour les patients».
Elle a souligné que, même si la communauté internationale a reconnu la contribution et l’altruisme de la médecine cubaine, l’un des objectifs du gouvernement étasunien est de discréditer cette intervention médicale offerte par Cuba. En outre, cela menace la jouissance et le droit à la santé de nombreux êtres humains qui ont bénéficié du travail des médecins cubains.
Cette politique, a-t-elle ajouté, affecte également la mise en œuvre des programmes nationaux de santé, tels que les soins maternels et infantiles, le contrôle du cancer, les soins aux patients graves et aux enfants handicapés, ainsi que d’autres visant à contrôler les épidémies.
Selon Pozo Alonso, au début de l’année 2021, des médecins cubains ont été invités à un congrès international aux États-Unis et, la transaction bancaire ayant été impossible de réaliser, ils n’ont pas pu s’y rendre.
Par ailleurs, Olga Agramonte Llanes, présidente de la Société cubaine d’hématologie, a déclaré au 20e Forum de la société civile cubaine contre le blocus que toutes les « manœuvres » appliquées ont une incidence sur la qualité de vie des personnes.
« Pour détecter de nombreuses maladies hématologiques malignes, Cuba ne dispose pas de diagnostic moléculaire et immunologique : des marqueurs pour identifier les cellules sont souvent nécessaires, et nous savons qu’ils sont très proches de nous, mais que nous ne pouvons pas les obtenir ».
Pour cette raison, a-t-elle précisé, il est nécessaire de modifier les traitements, mais il est probable que tous ne soient pas favorables.
Exemple : le taux de guérison est passé de 80 % à moins de 50 %; « et ce résultat dépend du besoin d’acheter les médicaments, de l’éloignement des marchés et de la traque financière.
UNE POLITIQUE ALLANT À L’ENCONTRE DE LA SOUVERAINETÉ
Comment une politique aussi inhumaine peut-elle être maintenue? Pour Eugenio Selman-Houssein, directeur du Centre de cardiologie William Soler, le gouvernement des États-Unis a transformé les enfants cubains, les malades et les familles en ennemis.
La situation est ancrée dans la politique étasunienne qui, au lieu de préserver la vie et les valeurs, défend des intérêts fallacieux, y compris lorsqu’ils condamnent la souffrance des patients, s’est exclamé Selman-Houssein.
« Il est reconnu que les entreprises étasuniennes détiennent plus de 80 % des brevets sur les produits et équipements cardiovasculaires. Le fait de nous empêcher de les acheter dans ce pays, de devoir aller loin pour le faire, alors que souvent le virement bancaire est refusé, n’a aucune explication éthique ni humaine », a-t-il déclaré.
Reinol Garcia Moreiro, vice-ministre de la Santé publique, a confirmé ce qui précède et ajouté que l’industrie biopharmaceutique cubaine, qui produit 70 % des médicaments, réactifs et équipements médicaux de base, n’a pas pu progresser davantage en raison du blocus sélectif des lieux où Cuba se procure les matières premières et de son inscription sur l’infâme liste de pays qui soutiennent le terrorisme.
Si le blocus n’existait pas, a-t-il dit, cela permettrait à la Santé publique de renouveler son stock de médicaments et de réactifs, d’éliminer cette liste d’attente de plus de 9 000 enfants en attente de chirurgies oncologiques et pour des malformations, ainsi que l’acquisition d’antibiotiques pour les femmes enceintes
« Mais ce même blocus ne nous a pas empêchés de rester un peuple uni, avec des solutions ingénieuses; nous sommes aussi plus humains, plus patriotes et plus anti-impérialistes. Cuba est une grande nation qui sauve des vies», a conclu Garcia Moreiro.
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