ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Le ministre des Relations extérieures a insisté sur le fait que Cuba n'aurait jamais dû figurer sur la liste, principalement en raison de sa condition de victime du terrorisme. Photo: Cubaminrex

« Sérieuses, importantes et dans la bonne direction, bien que très limitées et tardives ». C'est ainsi que Bruno Rodriguez Parrilla, membre du Bureau politique et ministre des Relations extérieures, a qualifié le 15 janvier les mesures annoncées par le gouvernement des États-Unis, qui excluent Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme, indiquent la suspension du droit d'intenter des procès en vertu du Titre III de la loi Helms-Burton de 1996, et éliminent la liste des entités cubaines soumises à restriction, avec lesquelles il est interdit aux citoyens et aux institutions des États-Unis d’effectuer des transactions financières, ce qui a eu des répercussions sur des pays tiers.
Répondant à la question de savoir pourquoi cette décision était prise maintenant, le ministre des Relations extérieures a assuré que « l'administration étasunienne a pris ces décisions parce que son plan a échoué, parce que sa prétention de provoquer l'effondrement de l'économie cubaine, l'explosion sociale (...), n'est toujours pas en mesure d'atteindre ses objectifs ».
Il a souligné que ces mesures constituent une reconnaissance du fait que leur politique contre Cuba est une politique obsolète, qui a échoué, qui ne sert pas les objectifs ou les intérêts nationaux des États-Unis, laquelle n'a pas non plus le soutien des citoyens étasuniens ou des Cubains vivant dans ce pays ; qu'elle provoque un isolement mondial, discrédite leur politique étrangère et porte préjudice aux instruments dont le gouvernement étasunien a soi-disant besoin pour atteindre certains objectifs de son agenda international.
« Ce qu’il faudrait demander au gouvernement de Biden, c’est pour quelle raison il a attendu jusqu'à maintenant pour faire ce qu'il aurait pu faire depuis son élection, car dans son programme électoral, il s’était engagé à adopter des changements significatifs dans la politique des États-Unis », a-t-il déclaré.
Et de souligner qu'avec cette décision, « la liste des pays soutenant le terrorisme a été détruite. Elle n'existe plus, personne ne pourra plus croire en elle, car c'est la confirmation absolue et tangible qu'elle n'a pas pour but de lutter contre le fléau du terrorisme, mais qu'elle n'est qu'un simple et vulgaire instrument de coercition politique à l'encontre d'États souverains », a-t-il ajouté.
« Si un autre président venait et décidait d’inclure à nouveau Cuba sur la liste, il faudrait se demander quelles sont les raisons, ce que diraient les organismes d'application de la loi du gouvernement étasunien et quelle serait la crédibilité de ce gouvernement », s'est-il interrogé.
Quant à la possibilité que ces décisions ne soient pas maintenues dans le temps, il a déclaré que « ce sont des mesures exécutives qui pourraient être annulées », tout en soulignant qu'« il sera difficile d'expliquer pourquoi si cela devait se produire ».
Le ministre des Relations extérieures a déclaré avoir lu, à cet égard, les opinions de certains de ceux qui ont rédigé les mesures précédentes – et qui ont participé, joué un rôle de premier plan et provoqué le recul des relations bilatérales –, tout en signalant qu'il leur faudra du temps et du travail pour les annuler.
Quant à la politique extérieure de chaque État, il a précisé qu'elle « ne devrait pas être soumise à l’alternance des différents gouvernements, et encore moins aux caprices de la politique intérieure, des compétitions ou des arguties électorales ».
À propos de l'importance de l'exclusion de l'Île de cette liste, il a affirmé que « cela a été une reconnaissance de la vérité », tout en insistant sur le fait que Cuba n'aurait jamais dû figurer sur cette liste, principalement en raison de sa condition de victime du terrorisme.
Le ministre a déclaré que cette mesure « manquait de crédibilité et de prestige à l'échelle internationale », mais que ses effets pratiques, en particulier dans le secteur financier, étaient extraordinaires.
« Il sera très difficile de maintenir les mesures coercitives dérivées de cette liste, qui limitent l'accès aux institutions et aux services financiers dans n'importe quel pays », a-t-il déclaré, rappelant les obstacles que représentait l'inclusion de Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme pour l'importation de produits de première nécessité pour le peuple cubain, l'interdiction pour les citoyens d’Europe et d'autres pays d'utiliser le système d'autorisation électronique pour obtenir un visa pour se rendre aux États-Unis.
Au sujet du Titre III de la loi Helms-Burton, il a indiqué qu'il visait à intimider les pays tiers. « Il contient une clause arbitraire et une violation brutale du droit international, qui consiste à prétendre juger devant les tribunaux étasuniens des personnes, des entités et des entreprises de pays tiers ou des Cubains pour leurs liens économiques avec l'Île, en dehors de la juridiction étasunienne ou sans aucune relation avec les États-Unis. »
Il s'agit également , a-t-il dit, de reconnaître que ce qui a été fait est illégal et arbitraire, avec un effet important non seulement sur le droit international, mais aussi sur le flux d'investissement de capitaux vers Cuba, l'accès à la technologie et au marché, ainsi qu'une menace pour les pays étrangers.
Quant à la troisième décision signée par Biden, le ministre des Relations extérieures a déclaré qu'il s'agissait d'une directive qui donnait des ordres à la quasi-totalité du gouvernement des États-Unis.
« Dans ce mémorandum, l'une des atrocités du blocus contre Cuba a également été annulée, à savoir la liste dite des entités soumises à restriction, de 2022, qui affecte aussi bien les entités publiques que les services du secteur privé dans notre pays.
« La prochaine étape est de continuer à lever des éléments du blocus, de laisser les Cubains vivre en paix. Nous défendrons avec vigueur et détermination notre indépendance et notre souveraineté contre tout acte d'ingérence, le respect de notre Constitution et l'application de nos lois, tout comme nous préservons la sécurité nationale, l'ordre intérieur et la sécurité des citoyens », a-t-il déclaré.
Il a souligné l'importance de « considérer que, quel que soit le sort de ces mesures à l'avenir, il s'agit d'un fait important, un événement qui a fait le tour du monde et qui a reçu un très large soutien international en l'espace de quelques heures ».
Il a également réaffirmé que « le gouvernement de Cuba a historiquement et constamment proposé au gouvernement des États-Unis d'Amérique de mener un dialogue respectueux et responsable, sur la base de l'égalité, de la souveraineté et du respect mutuel, sans ingérence dans les affaires intérieures de nos pays ».