(Traduction de la version sténographique de la présidence de la République)
Merci, cher président et frère de la République, mais aussi sœur, bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro Moros. Tout d'abord, je tiens à dire que nous accueillons et soutenons toutes ces idées et ces réflexions que tu as partagées avec nous en introduction à ce Sommet historique de l'ALBA.
Cher commandant Daniel Ortega Saavedra, coprésident du frère Nicaragua, et chère compañera Rosario Murillo, également coprésidente de cette République sœur,
Chers premiers ministres des pays frères des Caraïbes, Roosevelt Skerrit, de la Dominique ; Philip J. Pierre, de Sainte-Lucie,
Chers ministres des Affaires étrangères des pays qui composent l'ALBA,
Compañero Rander Peña, secrétaire exécutif de l'ALBA-TCP,
Chefs de délégations et représentants des pays qui composent notre Alliance,
Chers invités et participants,
Je tiens tout d'abord, Maduro, à adresser un message de soutien et de solidarité aux pays de la région qui, comme Cuba, ont été frappés par l'ouragan Melissa et qui, aujourd'hui encore, font face aux dommages causés par ce phénomène météorologique colossal et destructeur, et à profiter de cette occasion pour attirer une nouvelle fois l'attention sur la question du changement climatique.
Le changement climatique n'est pas le fruit d'une théorie du complot, et ne fait partie d'un plan de la gauche visant à influencer l'opinion publique, comme certains tentent de le montrer. Le changement climatique est une réalité, comme le prouvent les exemples que nous avons dans la région et dans le monde entier. Le temps dont disposent les peuples et les nations pour atteindre le point de non-retour est de plus en plus court et, par conséquent, si l'on continue sur la voie du consumérisme irrationnel, l'espèce humaine est définitivement condamnée à disparaître.
Chers chefs d'État et de gouvernement, chers frères,
L'Amérique latine et les Caraïbes, ce monde merveilleux et diversifié que nous appelons, Notre Amérique, tel que le nomma José Marti, est aujourd'hui confrontée à des menaces sans précédent depuis ces dernières décennies.
La doctrine Monroe est ressortie du placard. Les appétits impériaux ne se cachent plus. Bien au contraire, ils s'affichent sans vergogne, comme il y a plus d'un siècle, à travers la diplomatie des canonnières.
Comme dans le passé néocolonial, l'impérialisme croit qu’il a le pouvoir de s'imposer par la force sur l'indépendance et le droit à l'autodétermination des nations de l'hémisphère. Il assume sans modération une autorité et des prérogatives qu'il n'a pas pour menacer d'utiliser la force contre tout ce qui habite ce qu'il appelle irrespectueusement son « arrière-cour ».
Les nouvelles prétentions colonialistes de la doctrine Monroe se manifestent constamment dans les déclarations et les actions menaçantes contre le Venezuela, prélude à ce qui serait une agression aussi irresponsable que risquée, un nouveau corollaire, héritier du corollaire Roosevelt, discrédité et vaincu. Nous avons maintenant le corollaire Trump.
La « diplomatie au gourdin » et la « diplomatie de la canonnière », avec leur passé criminel d'agressions et d'abus contre les peuples, appartiennent au passé de la région, nous ne pouvons pas permettre qu'elles deviennent l'avenir !
La nouvelle Stratégie de sécurité nationale des États-Unis, adoptée en novembre dernier, intègre une approche encore plus agressive et offensive à cette doctrine archaïque, mais très dangereuse.
L'Amérique latine et les Caraïbes ne sont ni l'arrière-cour, ni même l'avant-cour de qui que ce soit. Nous sommes des États souverains. Les ressources et les richesses naturelles de nos nations appartiennent à nos peuples, en tant que patrimoine inaliénable qu'aucun autre pays, aussi puissant soit-il, n'a le droit de revendiquer ou de convoiter.
Seule chaque nation a le droit de disposer de ces richesses, de la manière qu'elle juge conforme à ses droits souverains, dans le respect et la considération de l'équilibre naturel et écologique de la planète, sans ingérence ni prétentions hégémoniques de la part d'aucun autre pays.
Le déploiement naval ostentatoire, exagéré et sans justification des forces navales des États-Unis dans la mer des Caraïbes et la menace délibérée d'agression militaire contre la nation bolivarienne révèlent une intention hégémonique et criminelle qui doit mettre en alerte tous les peuples et tous les gouvernements du continent. C'est un danger qui doit être dénoncé avec la plus grande fermeté, et, depuis Cuba, ici aujourd'hui à ce sommet de l'ALBA, nous le condamnons dans les termes les plus fermes et les plus catégoriques.
Nous dénonçons également l'assaut récent et la saisie d'un pétrolier par les forces militaires des États-Unis, ce qui démontre de manière irréfutable les véritables intentions de ce déploiement. Nous condamnons énergiquement cet acte ignoble de piraterie et de vol des ressources du peuple vénézuélien, qui constitue une grave violation du Droit international, contrevient aux principes de la liberté de navigation et du libre-échange, et porte préjudice non seulement au Venezuela, mais aussi à la communauté internationale dans son ensemble. Nous sommes face aux nouveaux corsaires et pirates des Caraïbes.
Le gouvernement étasunien doit savoir que personne ne croit aux faux prétextes qu'il invoque pour menacer le Venezuela. Sa guerre déclarée contre le trafic de drogue, le déploiement spectaculaire de navires militaires, les attaques contre des bateaux et les assassinats aveugles qui ont été commis ne visent pas à mettre un terme à l'entrée illégale, et encore moins à la consommation de stupéfiants aux États-Unis. Mais cela leur importe peu, ils sont convaincus qu'ils pourront semer la peur ou affaiblir les dirigeants politiques, les forces populaires et les gouvernants de la région.
Nous commettrions une erreur et trahirions plus de 200 ans de lutte pour l'indépendance de Notre Amérique si les gouvernements latino-américains et caribéens renonçaient à leur devoir de s'opposer avec fermeté à la prétention hégémonique récemment déclarée par le gouvernement des États-Unis.
Nous réaffirmons notre engagement ferme envers la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes en tant que Zone de paix, adoptée, comme tu le disais, en janvier 2014 lors du 2e Sommet de la CELAC à La Havane. Sa défense constitue aujourd'hui une priorité absolue et une obligation envers nos peuples.
Nous réitérons l'importance d'un dialogue respectueux et civilisé pour la résolution pacifique des conflits, des controverses et des différends. Nous condamnons le recours ou la menace du recours à la force pour la réalisation d'intérêts, en violation de la Charte des Nations unies et du Droit international.
Et nous réitérons, une fois de plus, notre soutien le plus ferme à la Révolution bolivarienne et chaviste, et à notre compañero président, notre frère Nicolas Maduro Moros, déterminé à défendre, au prix de tous les sacrifices, l'histoire héroïque de la République sœur bolivarienne du Venezuela, qui nous a donné de nombreux exemples de bravoure, de résistance et de victoire face à l’adversité, à travers des leaders de l'envergure de Simon Bolivar, Antonio José de Sucre et Hugo Chavez Frias.
Chers chefs d'État et de gouvernement, chers amis de l'ALBA,
La véritable intégration latino-américaine et caribéenne sera extrêmement difficile si nous continuons d'accepter les exclusions arbitraires et la censure dans les forums multilatéraux, comme ce fut le cas lors des derniers Sommets des Amériques, y compris la dernière tentative infructueuse d'organiser cet événement hémisphérique en décembre dernier. La décision d'exclure le Venezuela, le Nicaragua et Cuba répondait clairement aux directives du gouvernement des États-Unis.
Malheureusement, certains pays de la région se sont pliés à cette décision, tournant le dos à la vertu, à la dignité et au respect entre les peuples.
Les exclusions vont à l'encontre de l'essence même du multilatéralisme et contre le principe de l'égalité souveraine des États et du Droit international, en recourant au chantage, à l'intimidation, à la menace et à l'usage de la force comme moyens de coercition contre des pays indépendants et souverains.
L'impérialisme et les oligarchies nationales des pays de la région misent sur la vieille stratégie du « diviser pour régner ». Ils tentent ainsi de promouvoir les affrontements et les conflits entre les pays du continent et de saboter, par conséquent, les efforts visant à renforcer et à consolider les mécanismes de concertation régionaux indépendants et authentiques entre nos pays.
Ils se proposent également de détruire ou d'empêcher l'émergence de gouvernements souverains qui mettent en œuvre des politiques sociales et pourraient devenir des adversaires naturels du capitalisme mondial prédateur et de l'hégémonie étasunienne, car cela constituerait le principal obstacle à l'appropriation des ressources naturelles des nations par les grandes multinationales au service du capital.
Les États-Unis, dans leur volonté de détruire les gouvernements progressistes de la région et en toute arrogance, s'ingèrent ouvertement dans les processus électoraux pour tenter d'imposer des candidats de droite proches de leurs aspirations impériales. Le récent processus électoral au Honduras en est la preuve, démontrant de manière irréfutable l'ingérence éhontée de l'empire pour empêcher le peuple hondurien d'élire librement et souverainement son gouvernement.
Une autre expression de ces méthodes est l'application de mesures coercitives unilatérales contre les pays qui ne s'alignent pas sur les intérêts des États-Unis et de l'Occident géopolitique. De telles actions non seulement portent atteinte de manière directe et délibérée à la souveraineté et à l'indépendance des États, mais elles violent également le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures et entravent les efforts de ces pays pour promouvoir le développement légitime de leurs peuples.
Nous exigeons ici la cessation immédiate et sans condition de toutes ces mesures, une demande qui a toujours été soutenue par la communauté internationale, comme en témoignent les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies et du Conseil des droits de l'Homme, ainsi que de multiples déclarations du Mouvement des pays non alignés, du Groupe des 77 plus la Chine, et du Groupe des amis de la Charte des Nations unies.
Comme vous le savez, Cuba vit depuis plus de soixante ans sous un blocus économique, commercial et financier brutal et impitoyable imposé par le gouvernement des États-Unis, le système de mesures coercitives unilatérales le plus sévère et le plus long jamais imposé à un pays.
Les effets du blocus frappent tous les domaines de la société ; aucune famille cubaine n'y échappe. La pénurie de nourriture et de médicaments, les coupures d'électricité, les difficultés à se procurer du carburant sur le marché international et l'impossibilité d'effectuer des réparations et de l'entretien sur les infrastructures électriques sont quelques-unes des réalités complexes auxquelles nous, Cubains et Cubaines, sommes confrontés.
Depuis 2019, le blocus contre Cuba a atteint des niveaux extrêmes, devenant de plus en plus cruel et inhumain. Les conséquences se sont intensifiées avec l'inclusion arbitraire de Cuba dans la liste unilatérale et fallacieuse du Département d'État des pays qui, soi-disant, soutiennent le terrorisme. À l'issue de sa récente visite dans le pays, où elle a pu constater de visu la réalité du peuple cubain, la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur l'impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l'Homme a appelé le gouvernement des États-Unis à lever ou à suspendre toutes les mesures coercitives unilatérales appliquées contre Cuba.
Nous remercions les pays qui ont soutenu et continuent de soutenir la demande de mettre fin au blocus génocidaire contre Cuba.
Le peuple cubain, dépositaire de l'héritage de nos héros et de nos martyrs et fidèle aux enseignements de Fidel et Raul, a donné d'innombrables exemples de résistance et de volonté de lutter pour faire face aux manœuvres impérialistes et défendre l'indépendance et la souveraineté de la Patrie.
Chers chefs d'État et de gouvernement, chers amis,
Dans un contexte aussi défavorable et dangereux, il est essentiel, pour tracer notre propre voie, de nous souvenir et de nous inspirer des figures fondatrices de l'ALBA.
Comme le disait Maduro, cela fait aujourd'hui 21 ans que cette alliance a vu le jour, sous l'impulsion du commandant en chef Fidel Castro Ruz et du commandant Hugo Chavez Frias, deux géants qui ont consacré leur vie à poursuivre l'œuvre commencée par Bolivar et Marti, dans le but de parvenir à une véritable intégration des peuples de Notre Amérique.
Comme le déclara le commandant Chavez : « [...] l'ALBA est le début, l'aube d'une nouvelle ère, d'un nouveau mécanisme de coopération ; c'est la coopération, ce n'est pas le marché ; ce n'est pas la concurrence, c'est la complémentarité, c'est la solidarité ; c'est mettre l'homme au premier plan, l'être humain, le social au premier plan, et non le marché. »
Récemment, en tant qu’expression de nos convictions et de nos principes, nous avons célébré le 20e anniversaire du Sommet de Mar del Plata, où nos peuples ont enterré l'abominable ZLEA qui prétendait asservir et entraîner les nations vers une nouvelle étape de colonisation.
Aujourd'hui, l'histoire nous appelle à devenir, sans délai, les fossoyeurs de l'agression militaire, politique et économique étasunienne qui pèse sur toute l'Amérique latine et les Caraïbes, inspirés par des exemples tels que celui d'Hugo Chavez, dont l'héritage nous rappelle que, malgré des circonstances hostiles, la victoire est possible. Son combat et son engagement nous guident comme un rayon qui illumine la nuit la plus sombre.
En ce jour, nous nous souvenons également du rôle crucial joué par le commandant en chef Fidel Castro Ruz qui nous a démontré que l'intégration est possible et qu’elle ne saurait être reportée, grâce à des mécanismes innovants tels que les traités de commerce des peuples et les missions sociales telles que Moi, je peux et l’Opération Miracle. Ces deux programmes, sans équivalent dans le monde par leur ampleur, ont permis en peu de temps à des millions de personnes de la région d'apprendre à lire et à écrire et de recouvrer la vue, et ont contribué au développement spirituel et matériel de communautés entières.
Ce que ces missions ont représenté hier, nous nous proposons de le réaliser aujourd'hui, au milieu de défis colossaux, à travers de nouveaux projets visant à consolider l'Alliance et à contribuer au bien-être des peuples, sur la base du Programme stratégique 2030 de l'ALBA-TCP que nous avons adopté à Caracas en 2024.
C'est le cas, entre autres, d'AgroALBA, dont l'objectif est de favoriser les investissements permettant de développer les secteurs agricole, d'élevage et avicole, ainsi que les systèmes de production dans chacun de nos pays, et d'ALBA Azul, qui vise à développer les capacités de pêche et d'aquaculture des pays membres. Ces deux projets sont déjà en phase de mise en œuvre à Cuba et nous sommes déterminés à en assurer le succès.
À cela s'ajoute la mise en service du navire de l'ALBA, un moyen qui facilitera ou facilite déjà le commerce et l'intégration entre les pays. Nous l’avons déjà accueilli dans les ports cubains, y compris récemment, lorsqu’il a apporté l'aide généreuse fournie par notre frère, le Venezuela et l'ALBA aux provinces et aux familles gravement touchées par l'ouragan Melissa.
Frère Maduro, compañeras et compañeros, notre gratitude est infinie.
Pour continuer à progresser dans la réalisation de ces objectifs et de nombreux autres, nous avons en Fidel une référence essentielle et permanente qui, par sa force de volonté et son exemple révolutionnaire, a imprégné cette Alliance, dès sa naissance, d'un esprit anti-impérialiste, d'une défense farouche de l'autodétermination des peuples, et aussi, comme Raul, de la conviction que « Oui, c’est possible ». Sa vision ne se limitait pas à l'économie, mais comprenait la nécessité de mener une véritable bataille des idées, de développer un projet culturel et éducatif qui favoriserait l'unité dans la diversité et la formation d'une conscience latino-américaine et caribéenne.
Se souvenir et honorer le Commandant en chef dans la création de ce modèle d'Alliance d'un nouveau type, basé sur la solidarité, la coopération, la complémentarité et la justice sociale, à la veille du centenaire de sa naissance, est un engagement envers son héritage et l'un des plus grands hommages que la famille de l'ALBA puisse rendre à un homme d'État universel comme Fidel.
Le fait que l'ALBA soit réunie aujourd'hui est une démonstration de fidélité à ces principes, à ses fondateurs, Fidel et Chavez, et à ses inspirateurs, Bolivar et Marti.
Les appétits impérialistes des ennemis ne pourront jamais saper l'unité des peuples ; ils ne pourront pas, par leurs menaces et leurs agressions, briser la volonté de lutter ni la foi en la victoire.
L'ALBA restera un espace essentiel de solidarité et de résistance digne face aux campagnes de déstabilisation, aux mesures de pression et aux formes les plus diverses d'agression.
Fidèles aux idées de Bolivar, de Marti, de Fidel et Chavez, forgées au cours de plus de deux cents ans, nous continuerons à lutter pour un objectif commun : l'unité, la paix et la souveraineté de nos peuples.
Hasta la Victoria Siempre !
Je te remercie infiniment, Maduro (Applaudissements).






