ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN

Il ne s'agit pas seulement de coïncidences géographiques. Le passé, marqué par l'exploitation coloniale, les a unis : chaînes, esclavage, expropriation, pillage, barbarie. Face à cela, ils se sont révoltés et partagent aujourd'hui une identité forgée par la force du poing qui s'est élevé contre l'oppression étrangère.
« À cette époque heureuse, tous les Américains se traitaient avec la plus grande fraternité ; nous étions tous amis, compatriotes et alliés dans la cause commune de l'indépendance ; il n'existait pas ces différences entre Péruviens, Chiliens, Boliviens, Équatoriens, Grenadiens, etc., qui ont tant contribué à affaiblir la force de nos sympathies mutuelles. »
C'est ainsi que l'ancien président équatorien Vicente Rocafuerte décrivit les prémices de l'aspiration commune à la coopération régionale latino-américaine.
Ce lien allait renaître plus tard, non seulement en raison de l'histoire commune, mais aussi à cause des manœuvres des puissances avides de pouvoir, qui ne sauraient voir cette région autrement que comme leur principal objectif expansionniste. Depuis lors, l'intégration a été un combat parallèle à celui mené pour l'indépendance.
Ces deux luttes étant liées, la résilience de l'Amérique latine et des Caraïbes (ALC) fut un obstacle à la volonté impérialiste d’en faire son arrière-cour, ou, en d'autres termes, d’institutionnaliser la doctrine Monroe. Il n'est donc pas surprenant que les Don Quichotte latino-américains d'autrefois aient aspiré à faire de la région un bastion contre ces prétentions, comme ce fut le cas de Simon Bolivar :
 « Je souhaite plus que quiconque voir se former en Amérique la plus grande nation du monde, moins pour son étendue et ses richesses que pour sa liberté et sa gloire (...) Comme il serait beau que l'isthme de Panama soit pour nous ce que Corinthe fut pour les Grecs ! »
AMBITION IMPÉRIALISTE
La Maison Blanche est consciente des vastes ressources de l'ALC, de ses positions géostratégiques, de ses liens avec des puissances émergentes, et elle ne veut pas que l'Amérique existe, si ce n’est pour les Américains, à savoir pour les Étasuniens.
Ce ne sont pas des frontières maritimes ou terrestres qui séparent véritablement certains peuples latino-américains, mais la servilité de ceux qui considèrent la proximité géographique comme un motif d'ingérence et non comme un motif d'union en faveur du progrès collectif. Ainsi, ils se sont déclarés laquais de Washington, lui remettant les clés pour qu'il pénètre sur un territoire étranger.
L'année 2025 a été marquée par plusieurs processus électoraux dans la région, où la montée de la peur a pu faire basculer certaines nations vers l'extrême droite - et même rouvrir les portes au fascisme - sous la pression de l'hégémon, le propriétaire autoproclamé de l'« arrière-cour », dans sa version 2.0 de la doctrine Monroe.
 Économies fragiles, violence persistante, prolongation des états d'urgence, aggravation des inégalités sociales, imposition de droits de douane comme moyens de contention ou de répression, menaces contre les dirigeants, escalade militaire directe contre le Venezuela dans un retour à l'ancienne politique des canonnières, tentatives de reprendre le contrôle du canal de Panama, traque des migrants, imposition de nouvelles mesures coercitives unilatérales...
Pressions sur les pays membres de l'ONU pour qu'ils changent leur vote contre le blocus de Cuba, tentatives d'exclusion de pays lors de sommets régionaux, ingérence dans les élections... Le panorama a été difficile, marqué par la crise, avec une traînée de destruction et de mort partout où la main yankee est passée.
PARLER D'UNE SEULE VOIX
Cependant, cette période a été marquée par des efforts diplomatiques opportuns, tels que la tenue du 9e Sommet de la Celac, du Sommet des peuples, de la COP30 et du 25e Sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'ALBA-TCP, mécanisme qui s'est consolidé, selon les termes du président vénézuélien Nicolas Maduro, comme « le plus grand projet d'union et d'émancipation de notre époque ».
En outre, plusieurs organisations et alliances se sont prononcées en faveur du maintien de la région en tant que Zone de paix, déclarée comme telle en 2014. Des mobilisations, des grèves et des manifestations sont devenues le moyen populaire de dénoncer les reculs sociaux impulsés par les gouvernements de droite, comme c'est le cas en Argentine et en Équateur.
Par ailleurs, des efforts concrets ont abouti à la distribution de plus de 20 000 tonnes de différents produits commerciaux et de soutien solidaire à l'aide du bateau de l'ALBA, ce qui a ouvert la voie à la création d'une flotte régionale permettant une nouvelle émancipation.
La victoire, une fois de plus, de Cuba à l'ONU, avec l'exigence de la fin du blocus du gouvernement étasunien s'ajoute aux lauriers qui, à ce stade, ont défini la voie de l'unité à suivre.
Sans aucun doute, un autre « non », celui du peuple équatorien face aux prétentions d'installer des bases militaires étasuniennes sur son territoire, a été l'une des preuves les plus frappantes que l'idée de José Marti selon laquelle « ni le livre européen ni le livre yankee ne donnent la clé de l'énigme hispano-américaine » persiste dans la conscience populaire.
Quant au Mexique, il a défendu son droit et celui du continent à l'autodétermination, sachant que des solutions importées ne pourront jamais être le moyen de répondre aux besoins pressants de l'ALC.
« Un rêve que je porte dans mon cœur et que, je crois, tous les hommes d'Amérique latine partagent, serait de voir un jour l'Amérique latine entièrement unie, formant une seule force, car nous avons la même race, la même langue, les mêmes sentiments (...) On a érigé de nombreuses statues à Bolivar, mais on a très peu tenu compte de ses idées. »
C'est ce que déclara Fidel en janvier 1959, et  avec ces mots il décrivait l'avenir nécessaire.
LES DÉFIS DE LA NOUVELLE ANNÉE
En 2026, des élections sont prévues au Pérou, au Brésil, en Colombie, en Haïti et au Costa Rica. Par ailleurs, certains gouvernements ont officialisé des exercices militaires en coordination avec les États-Unis qui, sous prétexte de sécurité nationale, tentent de gagner du terrain.  
Selon la Cepal, les principales sources qui ont soutenu l'activité économique ces dernières années, à savoir la consommation privée et la demande extérieure, devraient perdre de leur dynamisme ; la région continuera à suivre une trajectoire de faible croissance, prévoit la Commission.
Il appartient aux États de consolider leur économie nationale, de faire face aux incertitudes des marchés financiers internationaux et de renforcer et d'élargir la politique macroéconomique, afin de progresser vers un développement plus productif, plus inclusif et plus durable.
Et surtout, ils doivent faire face aux négociations sous pression, qui se sont révélées être le nouvel ordre trumpiste dans le cadre des relations commerciales, sociales et politiques, afin d’imposer son leadership régional et mondial et de freiner l'influence de la Russie, de la Chine, des BRICS et du Sud global.   
Rappelons-nous que, face aux aspirations à la domination continentale, des actions fermes et décisives – comme l'histoire l'a démontré – sont le meilleur antidote. Ni appendices ni arrière-cours, Notre Amérique est la Patrie de ses enfants, et non de ses oppresseurs. Et en tant que telle, elle doit défendre avec ténacité le destin commun d'unité entre ses peuples.
Quoi qu’il en soit, l'intégration régionale reste un projet en construction qui, pour être en bonne santé, doit s'auto-médicamenter par une plus grande coopération hémisphérique, une plus grande autonomie, une résistance à la domination étrangère et des structures socio-économiques garantissant la souveraineté, le développement et le bien-être.