ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Des membres de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée du peuple (FARC-EP) se déplaçant sur la rivière Mecaya au Putumayo pour se rendre dans les zones de désarmement. Photo: EFE

LE 8 mars, Cuba et la Norvège, pays garants du processus de paix qui a abouti à l'Accord de paix final entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (FARC-EP), ont émis une série de considérations sur l'adoption de la Loi statutaire sur la juridiction spéciale pour la paix (JSP).

Les pays garants ont exhorté les institutions de l'État colombien à « garantir la protection de l'Accord final et le strict respect de l’application des accords », y compris « des dispositions relatives à la JSP », qui ont été conçues et convenues dans le but de garantir la vérité, la justice, la réparation et la non répétition.

« Si cette voie est obstruée, l'épine dorsale sur laquelle repose l'Accord de paix final sera fragilisée et la mise en œuvre dans ses aspects les plus essentiels restera en suspens », ont averti Cuba et la Norvège, qui ont également mis en garde contre les dommages infligés aux victimes et les anciens combattants qui ont déjà déposé les armes pour entrer dans l'activité politique légale.

Le président de la République de Colombie, Ivan Duque Marquez, a annoncé le 10 mars : « Après avoir fait une analyse, je tiens à annoncer aux Colombiens ma décision en expliquant mes arguments au pays. J'ai décidé de m'opposer à six des 159 articles de la Loi statutaire de la juridiction pour des raisons d’inconvenance et

d'inviter le Congrès de la République à en débattre de manière constructive », ce qui a été interprété par les partisans de la paix comme un sérieux obstacle au processus.

Des centaines de manifestants en Colombie ont protesté contre les objections du président Ivan Duque à l'encontre de la Juridiction spéciale pour la paix, l'un des piliers de l'accord conclu avec les FARC-EP. La Loi n'ayant besoin que de l’approbation présidentielle pour entrer en vigueur.

Dans une lettre adressée à Antanio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, les membres des délégations qui ont rédigé l'Accord de paix au nom du Gouvernement colombien et des FARC-EP, les membres du Congrès qui font partie membres des commissions de paix du Sénat de la République et de la Chambre des représentants, les anciens ministres et hauts fonctionnaires, les victimes du conflit armé, les dirigeants des organisations et des institutions représentatives de la société civile, les universitaires, les journalistes et intellectuels, les citoyens qui travaillent pour la paix et la réconciliation nationale, ont signalé :

« Nous exprimons notre profonde préoccupation face aux tentatives visant à porter gravement atteinte à la mise en œuvre de l'Accord, à la structure et au fonctionnement de la JSP, ainsi qu'au système conçu pour faire respecter les droits des victimes. »

Les signataires ont ajouté que « pour que la JSP puisse atteindre son objectif de demander des comptes aux responsables de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre et, en général, de violations graves des droits de l'Homme, elle doit disposer de tous les outils institutionnels, financiers et juridiques nécessaires en fonction de la portée de sa mission.

« Dans le cas contraire, il y aurait des risques pour le plein exercice de leurs pouvoirs et des scénarios où l'absence d'outils juridiques favoriserait l'impunité et limiterait la garantie des droits des victimes. » Ils ont rappelé que c'est dans cette loi « que l'autonomie financière de la JSP est garantie, dont le budget a déjà été remis en question par le parti au pouvoir, le qualifiant d’exagérément élevé ».

L'ONU a demandé à ce que l'Accord soit respecté dans son intégralité, dans la mesure où elle le considère comme essentiel au bon déroulement du processus de paix en Colombie. Dans ce pays d'Amérique du Sud, on souligne le caractère transitoire du processus de paix, tout en déplorant que le président persiste à dresser de nouveaux obstacles ou à discuter à nouveau de questions qui avaient été déjà réglées.