Il y a plus de 200 ans, en 1804, Haïti est devenue la première nation indépendante d'Amérique latine et la deuxième plus ancienne république de l'hémisphère occidental. Elle a inauguré le cycle des émancipations latino-américaines et caribéennes.
La jeune république a défié le monde de l'époque en construisant un État anticolonial et antiesclavagiste, composé de personnes libérées de l'esclavage, dont la grande majorité était d'origine africaine.
Aujourd'hui, l'ancien fleuron de la souveraineté latino-américaine, le pays qui a ébranlé le pouvoir des métropoles européennes sur le continent, est entre la vie et la mort.
Les cycles de violence, de pauvreté, d'inégalité et de pillage des richesses du peuple haïtien sont devenus monnaie courante.
Le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a récemment établi que la situation en Haïti, ravagée par la violence, était désastreuse.
Selon les chiffres de l'ONU, les gangs contrôlent actuellement 80 % de Port-au-Prince.
En raison de cette situation, le nombre de victimes des crimes commis par les bandes armées est en augmentation et on estime qu'il a dépassé les 4 000 morts et 1 600 blessés pour la seule période comprise entre septembre 2023 et février 2024.
Les "brigades d'autodéfense", qui se font justice elles-mêmes, ne font qu'ajouter au chaos. Des cas de violences sexuelles, d'enlèvements, de viols, d'exploitation sexuelle de mineurs et d'autres crimes ont également été recensés.
On sait que la plupart des armes utilisées dans ces actions ont été introduites clandestinement par voie terrestre, aérienne et maritime, principalement à partir de la Floride, du Texas et de la Géorgie. Toutes sortes d’armes en provenance des États-Unis inondent Port-au-Prince.
Quelle est la cause des spirales de violence qui frappent cette nation des Caraïbes ? Qui peut être intéressé par l'instabilité permanente du pays ?
Nous pouvons affirmer avec certitude que ce n'est pas pour des raisons liées à la « nationalité » ou à la « race », comme le spéculent les « analystes » européens et même certains « spécialistes » de la question haïtienne.
La situation d'Haïti est la conséquence des interventions militaires subies depuis sa fondation, des ingérences étrangères déguisées en « aide humanitaire », du pillage impitoyable et systématique des richesses du pays par les grandes puissances, avec la complicité d'une « élite locale » qui veille à ses propres intérêts.
La pire violence subie par la population de cette nation sœur des Caraïbes est l'exclusion, l'abandon, le manque d'accès à l'éducation, à la santé publique, à l'eau potable, à l'électricité et aux services de base en général.
La première république a été systématiquement punie pour l'effroi causé pendant des années par son exemple aux colonialistes européens. Elle a payé cher le « crime » d'insoumission, de résistance, de défense de sa culture et de son identité.