
À la suite de la couverture médiatique intense et manipulée de la « guerre » à Gaza, la presse semble s'intéresser de plus en plus aux manifestations qui ont éclaté sur les campus aux États-Unis.
Certains sont prêts à recourir au discours de la haine pour présenter les étudiants comme violents et irresponsables, ce qui est tellement courant et rebattu à notre époque chaque fois que quelqu'un tente de s'élever contre les « maîtres » du monde.
Mais peu importe à quel point les médias corporatistes tentent de cacher la réalité, les manifestations contre la politique de génocide sioniste de la Maison-Blanche se sont répandues sur les campus.
Les actions ont commencé sur le campus de l'Université de Columbia à Manhattan, New York, qui a une longue tradition de lutte sociale, lorsque les étudiants ont installé des camps improvisés et hissé des drapeaux palestiniens.
La réaction des autorités ne s'est pas fait attendre. Les cours ont été annulés à l'université, des dizaines de manifestants ont été arrêtés à Yale, l'accès à Harvard Yard a été fermé.
L'appareil répressif de l'État est entré en action. Il s'agit d'une coercition violente, d'un usage indiscriminé de la force par la police contre des jeunes qui, en utilisant le droit le plus sacré et le plus élémentaire, tentent de dénoncer l'extermination d'un peuple entier, un crime dont leur gouvernement est complice.
Les États-Unis, qui se présentent souvent aux autres nations comme le paradigme du respect de la dissidence et de la liberté d'expression, ont montré le vrai visage du système.
Le mécontentement contre le régime sioniste dans les universités est-il un phénomène nouveau ?
Les manifestations organisées dans les universités américaines contre l'invasion israélienne de Gaza n'ont pas commencé en avril. Elles durent depuis le tout début de l'offensive. Rappelons les événements qui ont fini par coûter son poste à la rectrice de Harvard, Claudine Gay.
Les recteurs de l'Université de Harvard, de l'Université de Pennsylvanie et de l'Université de Mit ont comparu devant la Commission de l'éducation du Congrès en décembre 2023 pour répondre aux accusations d'avoir autorisé des « manifestations antisémites » sur leurs campus.
Derrière cette sorte de nouvelle « chasse aux sorcières » se cachent les pressions exercées par de riches donateurs juifs, qui ont menacé de retirer des millions de dollars de financement à ces universités si elles autorisaient les étudiants à scander des slogans pro-palestiniens.
Lorsque la police a fait une descente à l'université de Columbia à New York en avril, les manifestations sont passées à un autre niveau.
L'ACTIVISME ÉTUDIANT AUX ÉTATS-UNIS N'EST PAS NOUVEAU
Depuis de nombreuses années, les universités aux États-Unis sont au cœur des luttes des jeunes pour les droits civiques, contre la guerre et contre le racisme.
En 1943, les leaders étudiants de la faculté de Droit de l'Université Howard pratiquaient ce qu'ils appelaient la « technique de la chaise occupée » : les étudiants se rendaient dans les restaurants de Washington qui refusaient de servir les Noirs et restaient assis, selon un compte rendu historique du Comité de coordination des étudiants non violents, rapporte CNN.
Les étudiants de l'Université de Berkeley se sont insurgés en 1964 contre les restrictions imposées à la liberté d'expression, en plein mouvement social contre la ségrégation raciale et la guerre du Vietnam.
En 1968, l'Union des étudiants noirs de l'Université d'État de San Francisco mena une grève qui entraîna la fermeture de l'université et contraignit l'administration à annuler les cours pendant trois mois.
D'importantes mobilisations étudiantes marquèrent les protestations contre la guerre du Vietnam (1955-1975).
LA RÉPRESSION N'EST PAS NOUVELLE NON PLUS
Lors des manifestations de mai 1970 sur le campus de l'Université d'État de Kent, le maire demanda la présence de la Garde nationale de l'Ohio. Les gardes ouvrirent le feu sur la foule, tuant quatre étudiants et en blessant neuf autres. Ce crime est entré dans l'histoire sous le nom de « Massacre de Kent State ».
En réaction, des centaines d'universités fermèrent leurs portes et une vague de grèves et de protestations se propagea à plus de 1 300 campus.
Au cours des années 1980, les étudiants activistes lancèrent un mouvement national pour que leurs campus coupent les liens financiers avec les entreprises qui soutenaient le régime d'apartheid d'Afrique du Sud.
Les étudiants ont également joué un rôle clé dans le développement du mouvement « Black Lives Matter ». En 2020, le meurtre de George Floyd par la police a ravivé le mouvement étudiant.
On ne saurait oublier les images devenues virales en 2011, montrant des policiers de l'Université de Californie à Davis en train d'asperger de gaz poivré un groupe de jeunes participant à un sit-in pour protester contre le démantèlement du campement Occupy UC Davis.
Les manifestations actuelles sur les campus universitaires reflètent la division croissante de la société des États-Unis quant au soutien du gouvernement à son allié historique, Israël.
Il ne fait aucun doute que les plus de 34 000 morts à Gaza, dont la plupart sont des femmes et des enfants, ont contribué à sensibiliser les étudiants qui, fidèles à l'héritage historique de l'activisme, ont affronté la police.
Les jeunes étudiants réclament un cessez-le-feu, la liberté pour le peuple palestinien et exigent que leurs universités rompent les liens économiques avec Israël, qui les rendent dépendantes des dons d'entreprises complices de la guerre.
« Ce que nous demandons, c'est que l'université cesse d'investir des fonds en faveur de ceux qui tirent profit du génocide à Gaza. Et nous ne partirons pas tant que nos revendications ne seront pas satisfaites », ont déclaré les étudiants de l'Université de Californie, selon la BBC.
Le président Joe Biden, principale cible des critiques, a récemment qualifié les actions pacifiques des jeunes d'actes de vandalisme, tandis qu'à l'inverse, de « mystérieux gestionnaires du chaos » encouragent la violence, dans le but de semer le désarroi, la confusion et de criminaliser les manifestations.